"Si vous saviez combien je vous aime...

vous pleureriez de joie..."



*J'ai avorté à 21 ans. Enfin J'AI avorté... Je me souviens de la dispute avec mon copain quand je lui ai appris que j'étais enceinte...  
Je me souviens d'etre retournée chez ma mere.  
Je me souviens de ma belle mere exigeant de me voir. De la journée passée avec elle, je m'en souviens vaguement...  
ensuite je ne me souviens de rien... jusqu'à la douleur à la clinique... à l'envie de vomir tellement j'avais mal et à une infirmiere qui m'a dit: oh lla la si la vous avez mal, imaginez ce que ca aurait été si vous aviez du accoucher...  
ensuite j'ai revu les papiers: J'ai eu le résultat de ma prise de sang le 07/02 j'ai passé l'echo de datation le 10/02 au matin, j'ai pris le premier cachet de la pillule abortive le 10/02 apres midi et le second le 12/02.  
Et les 7 jours de reflexion? oubliés dans l'affaire... C'est pratique d'avoir une amie gyneco hein maman?  
Je n'ai jamais réussi a "retrouver" ses quelques jours... Ils ont totalement disparus de ma memoire.  
Je n'ovule plus aujourd'hui. Apres de nombreux tests et examens, on n'a pu trouver aucune raison médicale. Les ovules sont là, ils murissent et puis tout se bloque, ils n'arrivent pas à complete maturité. Je ne répond à aucun traitement.  
Je resume la situation comme ca, meme si ca ne plait pas à ma gyneco qui me dit que je ne devrais pas voir les choses comme ca: Mon cerveau s'est mis en veille. J'ai été manipulé par quelqu'un qui s'est préoccupé uniquement de sa propre peur de vieillir. Je n'en veux pas à mon homme, car il avait 21 ans, il a eu besoin de réfléchir, il était persuadé qu'il avait le week end devant lui pour réfléchir, sauf que quand il est revenu, trois jours plus tard pour en discuter, tout était fini. Donc à lui je ne lui en veux pas.  
Mais à Elle, je ne lui pardonnerais jamais. mais elle s'en fiche parce que ce moment de faiblesse, ce laps de temps ou je n'ai pas été capable de décider par moi meme, je suis la seule à le payer.  
J'ai été obligée d'arreter les traitement de fertilité car ils me rendaient malades. Ca aussi ca doit être un signe.  
Je dois laisser faire le temps.  Personnellement, j'ai cessé de croire que je peux etre heureuse parce que je vais continuer à payer chaque jour pour ce que j'ai fait. Parce que ceux qui m'entourent avec leur phrase toute faite du style: laisse du temps au temps (qu'est ce qu'elle m'ennerve celle la)  ou alors: tu es vraiment d'un autre age, une femme n'a pas besoin d'enfants pour exister ou s'epanouir... (hmmm sans commentaire, ils n'imaginent meme pas que certains en ont besoin)   et bien tout cela n'auront pas mal à ma place.  
Enfin je crois que je ne pourrais jamais guerir de la simple conversation que j'ai eu un jour avec ma mere à ce propos:  
 - arrete d'essayer d'avoir un bébé parce qu'un jour ca va bien finir par arriver et tu le regretteras.  
 Je lui ai répondu: on ne regrette jamais un enfant, maman.  
 Là elle m'a détaillé de la tete aux pieds et elle a repondu:  
 - ca c'est ce que tu crois...
Je ne m'en suis jamais remise. Je détourne les yeux quand je croise une femme enceinte. Mon oncle a eu un bébé en juin 2008, j'ai refusé de les revoir (je ne l'ai pas dit comme ca, amis je trouve toujours une excuse, sans meme essayer qu'elle soit credible)
Je ne vois meme pas passer les jours tellement je n'arrive plus a regarder autour de moi.
Ca fait 6 ans que je pleure toutes les nuits et la date arrive à grand pas... Avorter le 12/2...bonne saint valentin....


« Je suis algérienne. J’étais amoureuse d’un garçon qui m’avait promis le mariage. J’avais 23 ans. J’étais l’aînée de huit enfants. J’avais ouvert la voie à mes sœurs, arraché le droit d’aller en 6ème, de passer mon bac, de faire des études et… j’attendais un bébé. S’il l’avait appris, mon père aurait pensé que j’avais voulu tout cela pour pouvoir coucher. Il ne m’aurait pas tuée, non, ça aurait été pis. A cause de moi, il aurait perdu son honneur et sa fierté. Cette grossesse aurait ruiné tous mes acquis et entraîné dans ma dégringolade ma mère, mes sœurs et toute ma famille. C’était une catastrophe.

Mon copain a eu peur. Il m’a laissée tomber. J’aurais pu le poursuivre, mais notre histoire devait rester secrète et le temps pressait. Impossible d’avorter. Il restait l’adoption praticable en France et cette idée m’a soulagée : donner mon enfant valait mieux que le tuer. Ma mère et moi sommes parties pour Marseille en justifiant tant bien que mal nos trois mois d’absence. Quand on m’a parlé d’accouchement sous X, j’ai juste entendu que c’était gratuit et secret. Il faut dire que, dans ces cas-là, on n’est pas dans son état normal. J’étais une boule d’angoisse, incapable de penser à la suite. Je vivais dans l’urgence.

Je n’ai pas voulu voir le bébé. Je l’ai juste entendu pleurer. On m’a dit que c’était un magnifique garçon. Je suis sortie quatre jours plus tard, malade, vidée, ne me rendant compte de rien. Je n’étais pas moi-même. J’étais incapable de réfléchir, paralysée, manipulable. (…) Ma famille et l’honneur étaient saufs, mais moi, j’étais brisée. Je me levais et me couchais en pensant à mon fils. Plus les années passaient, plus il était présent. Je me disais : « Il a 7 ans, il a 8 ans… et il n’est toujours pas là. » Je me demandais aussi s’il était heureux, s’il connaissait mon existence ? Je me posais des questions, des plus simples aux plus folles. Je regardais les gamins dans la rue en me disant que, si je le croisais, je le reconnaîtrais… Puis, j’ai rencontré le grand amour. Cet homme avait un fils que je choyais, mais en pensant au mien. Nous n’avons pas pu avoir d’enfant. Je suis sûre que je me punissais ainsi. D’ailleurs, je voulais une fille, mais je pensais : « et si elle rencontre son frère ? Ils vont tomber amoureux... »

C’est une amie qui m’a convaincue d’entreprendre des recherches. Je me souviens d’avoir téléphoné à une association. On m’a demandé si j’étais une enfant X et j’ai répondu en sanglotant : « Non, je suis une mère. » Il m’a fallu trois semaines pour écrire la lettre du lever de secret. Mon fils me cherchait aussi. Quand ses parents adoptifs ont appris mon désir de le revoir, ils ont eu le choc de leur vie. On leur avait tellement dit que je n’avais aucune chance de le retrouver…

Plus tard, sa mère adoptive m’a dit qu’elle avait eu peur que je vienne le reprendre. Mon fils aussi a été secoué. Il a mis trois semaines avant de réagir. C’est l’assistante sociale de son lycée qui m’a téléphonée au travail en m’annonçant : « J’ai votre fils en face de moi. » On est là et on ne sait pas quoi dire. Je l’entendais demander : « Est-ce que j’ai des frères et sœurs ? Est-ce qu’elle vit avec mon père ? » J’ai oublié le reste. Je me souviens seulement qu’il avait un drôle d’accent de Marseille et qu’il me disait vous. Je lui ai dit de me dire tu.

Quand j’ai eu raccroché, je suis devenue comme folle. Je suis allée voir ma copine et j’ai hurlé, j’ai pleuré en disant que j’avais retrouvé mon fils. En rentrant à la maison, j’ai trouvé une enveloppe avec une lettre et une photo de lui. Dans sa lettre, il m’expliquait qu’il était content de me retrouver. Que ses parents étaient les personnes les plus importantes de sa vie. Qu’il ne m’en avait jamais voulu et qu’il voulait que l’on tisse des liens… Quand j’ai eu sa mère au téléphone, elle m’a remerciée de lui avoir fait cadeau de son fils et moi je l’ai remerciée de lui avoir donné une famille. Ils sont venus à Paris pour Noël. J’avais acheté des tas de cadeaux et un immense sapin. Enfin, le 25 décembre 1999, j’ai pu serrer mon fils dans mes bras pour la première fois. Il avait 19 ans. »


« Je viens de terminer votre article "Quand les hommes avortent". L'IVG est toujours traité sous l'angle des femmes; pour la première fois, un magazine parle de nous, merci donc. Je suis un homme de quarante-trois ans, j'ai été père tardivement et je suis littéralement fou de mes deux petites filles; j'élève aussi les enfants que mon épouse a eus d'un premier mariage.

Lorsque j'avais vingt-cinq ans, ma petite amie de l'époque était enceinte, je ne me sentais pas mûr pour élever un enfant et, à ma demande, elle a avorté, la mort dans l'âme. J'ai été présent, mais au fond assez détaché, "lâche et mal à l'aise", comme dit votre article. J'avais de bonnes raisons, pensais-je à l'époque (peur d'une liberté entravée, de ne pas réussir à joindre les deux bouts, de me séparer de la mère).

Plus je vieillis, évidemment, et moins je les trouve valables, ces raisons, mais bon… Il y a quatre ans, j'ai assisté à la première échographie de ma femme, les larmes me sont montées aux yeux, ce n'était pas l'émotion en pensant à ce bébé qui allait arriver, c'étaient les regrets pour l'autre. Je tenais à vous confier l'avis à retardement d'un ex-jeune con qui a avorté . »


« J’étais scié. Je m’arrête net, un peu glacé. En l’espace d’une seconde, j’apprenais qu’elle avait été enceinte de moi, la vie et la mort d’un enfant possible… Moi, qui en ai déjà, je sais qu’un enfant existe bien avant sa naissance et que c’est une richesse infinie. « Pourquoi tu ne l’as pas gardé ? »a été ma première question. (…)

Je n’ai même pas posé la deuxième question qui me venait à l’esprit : « Pourquoi ne m’en as-tu pas parlé ? » (…). Aborder le sujet, c’était rendre cet embryon plus présent, envisager qu’il fût possible de le garder. Moi, jamais je ne lui aurais demandé d’avorter. Elle a préféré que ça reste sa décision. Je la comprenais et je lui en voulais en même temps. Je me sentais agressé. (…). Moi, en me privant de parole, de décision, de l’information même, elle m’avait nié. (…) En taisant cet avortement, elle m’avait rendu impotent, impuissant.(…) Je suis parti vers cinq heures du matin. J’ai raconté ça au chauffeur de taxi. Il fallait que j’en parle. (…). J’ai trouvé une pizzeria ouverte. Je pensais à cette option de vie qui n’avait pas été prise. »


« Deux fois je l’ai mise enceinte, deux fois elle a avorté. J’étais contre, mais elle me disait que ça la regardait. C’est vrai que ça la regardait, mais quand même, moi, j’existe. (…) En fait, c’était que sexuelle comme relation. (…) Elle a rien voulu assumer. Et du coup, cette relation était en fait destructrice.

J’ai plus confiance dans les filles, je me méfie. (…) Aujourd’hui, je sais plus si je pourrai construire un véritable amour, où on se respecte, où on se dit les trucs franchement, où on n’est pas "je prends, je consomme, puis je jette". »


« A l’époque, il y a 5 ans, je n’avais plus de compagnon, et pas « la tête à ça ». J’avais commencé un nouveau travail quand on m’a annoncé que j’étais enceinte. J’ai choisi d’interrompre ma grossesse. Cela s’est passé très vite : rendez-vous avec le médecin, échographie, entretien, anesthésie, intervention. Depuis, l’affaire semblait oubliée.

Puis, il y quelques mois, j’ai mis au monde un petit garçon. Mais, fatiguée, je ne parvenais pas à m’occuper de mon bébé. Les médecins diagnostiquent une « dépression post-partum ». J’ai entamé une psychothérapie et trouvé la réponse : cet enfant est en réalité le second, je ne l’avais jamais compris. La douleur enfouie était revenue, insistante, violente. »


« C’était un lundi matin : 8h30. J’étais assise dans le métro. Je lisais. J’étais vraiment absorbée par la lecture de mon roman, rien ne semblait pouvoir troubler ma quiétude intérieure. Pas même l’accordéoniste qui jouait une guinguette tonitruante.

Station Saint-Michel, monte une future maman qui était probablement à son 6ème mois. Je lève les yeux machinalement, les baisse automatiquement… les relève aussitôt, comme hypnotisée et en même temps complètement bouleversée. Je n’arrive plus à croiser une femme enceinte sans ressentir d’abord un profond trouble, puis une grande tristesse et je finis en pleurs. C’est toujours le même scénario. »


« Eric et moi, on était fous l’un de l’autre. Et, sans vraiment y réfléchir, on allait de plus en plus loin… jusqu’au jour où ce qui devait arriver arriva : nous avons fait l’amour (…). Après des mois de caresses, de baisers, on en avait très envie. Cela nous paraissait si naturel que ni l’un ni l’autre n’avions pensé à prendre la moindre précaution.

Nous avons recommencé, toujours dans les mêmes conditions. Et un beau jour, un retard de règles… Vous imaginez la suite. L’angoisse, la honte… Non seulement j’ai avorté, mais notre histoire d’amour s’est brisée à cause de ça. »


« On parle beaucoup de la libération de la femme : IVG (interruption volontaire de grossesse), contraception, tout est en place pour le mieux-être de la femme ! Mais on passe sous silence les épreuves que subissent des femmes qui, pour des raisons personnelles, généralement graves, paniquent, et doivent subir une interruption volontaire de grossesse.

Bien sûr, on ne peut pas généraliser. Certaines ont choisi en connaissance de cause. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que même celles-ci ressentent un traumatisme. A la suite d’une très importante série de soucis matériels et de santé, je viens moi-même de recourir à un tel acte et maintenant le remords est là, tenace, qui me poursuit sans cesse. Dans ces hôpitaux, le personnel, à force de toujours vouloir rester neutre, devient froid et inhumain. (…)

Je pense qu’il faut rompre cette loi du silence, témoigner, parler de ce grand vide que l’on ressent, de cette douleur morale qui est là. (…) Pour permettre à la femme de choisir en toute liberté (…), pourquoi dans les hôpitaux ne voit-on pas systématiquement une assistante sociale qui nous expliquerait simplement, sans prendre parti, qu’il est peut-être possible d’agir autrement, qu’il existe des droits : aide financière, soutien moral auprès de tel organisme. Ensuite, bien évidemment, la décision finale reviendrait à la femme, au couple, mais en toute connaissance de cause.

Voici comment cela s’est passé pour moi. D’abord, visite chez un gynécologue qui demande ce qui s’est passé : échec de la contraception ou autre ? Puis une échographie pour savoir s’il est encore temps. Ensuite, visite chez le psychologue. Alors là, c’est le bouquet : leçon de morale, mais du style « Vous n’allez pas pondre des gosses comme ça, surtout avec vos problèmes ! » Pourtant, le psychologue aurait un rôle important à jouer. (…)

Après, la visite chez l’anesthésiste, le jour J arrive. Vous avez peur, vous ne voulez pas trop d’un tel acte, mais il ne faut pas traîner, et vous gardez pour vous vos états d’âme. Ensuite, c’est le réveil, tout est fini. Et puis, vous vous retrouvez chez vous et c’est alors que les problèmes commencent. (…)

Et je suis là, avec ce grand vide, une grosse peine, une honte de moi-même, la déprime. Je veux rompre ce silence. Si vous avez subi un tel acte, dites-moi, je vous en prie, comment vous vous en êtes sortie ? Cela vous a-t-il posé des problèmes moraux ? Il est vrai que la loi autorise cet acte. Donc, la société n’a rien à en dire. Mais au fond de son être, comment cela se passe-t-il ? J’écris pour que les femmes qui hésitent réfléchissent, et que l’on sache qu’une IVG n’est pas un acte banal. »


« A l'époque, Bérénice a 20 ans. Quelques copains, la fac, une soirée différente des autres. Lorsqu'elle se rend compte qu'elle attend un enfant, Bérénice cède à la panique. Pas de père, pas d'envie. Le début de la galère administrative. "J'ai pris ma décision assez rapidement. Je ne pouvais pas faire autrement que de me séparer de cet enfant."

Après le rendez-vous chez le médecin généraliste, une semaine de délai de réflexion : l'hôpital. "Ils ont fait une échographie pour vérifier le stade de la grossesse. C'était très pénible. Ensuite j'ai attendu dans une salle d'attente entourée de femmes enceintes." Des moments aussi difficiles à vivre que l'acte lui-même. (…)

De cette décision, Bérénice garde des traces indélébiles. "Dix ans plus tard, j'ai encore du mal à en parler sans fondre en larmes. C'est la décision la plus difficile que j'ai eu à prendre. Un enfant, c'est ce qu'il y a de plus beau. Celui que je porterai plus tard ne sera jamais le premier. »


« La première fois que je suis tombée enceinte, j’avais 15 ans (…). Bon, c'était un accident (…). Ma mère l’a pas su tout de suite, j’ai pas osé le lui dire en face : « Maman, je suis enceinte ! » alors que je le savais parfaitement ; et donc, se doutant de la chose, elle m’a envoyée chez le médecin, et quand je suis revenue avec le compte-rendu du médecin, elle s’est mise en colère : elle m’a giflée et, donc, elle m’a dit qu’il était hors de question que je le garde, tout simplement.

J’ai essayé de m’opposer à son choix en lui disant que, moi, je voulais cet enfant. Mais il en était hors de question de toute façon : j’avais 15 ans, pour elle, j’étais pas prête, j’étais pas assez mûre. Je me sentais prête à l’avoir, moi, j’avais peut-être pas l’argent pour l’élever, mais enfin, je veux dire, oui, je me sentais prête. (…) J’ai cédé, oui, j’ai cédé parce que, déjà, j’avais la crainte de mes parents. Ils étaient contre moi. (…)

Il y a eu un manque après cet avortement… Je sais pas, porter un enfant, c’est… Quand on a l’instinct maternel, c’est terrible ! Même les jeunes de 15 ans qui se font avorter parce qu’elles peuvent pas l’élever, on peut pas dire… Il y a quelque chose… On vous enlève quelque chose… On vous enlève votre enfant. C’est quand même pas rien, que ce soit un petit embryon ou un bébé… Enfin, je veux dire, c’est une personne. C’est traumatisant, quelque part, surtout pour quelqu’un comme moi qui a l’instinct maternel. (…) Il ne faut pas imposer son choix, en tant que mère, on peut conseiller mais pas imposer son choix. (…)

Le fait d’avorter, justement, a plus ou moins brisé notre couple, quoi, de voir qu’en fait, il ne me soutenait pas non plus, qu’il s’alignait du côté de mes parents, ça a cassé quelque chose entre nous, ça a fini par une rupture. (…)

Quel que soit son âge, on ne regrette pas [d'avoir été une très jeune maman]. Quand on est maman, on ne regrette pas. »


Madeleine, 63 ans, deux enfants, deux avortements

« Depuis quelques années, peut-être dix ans, je pense beaucoup à ces avortements. Pourtant, je trouve que c’est très bien l’avortement. Mais c’est maintenant que ça me laisse quelque chose de très très désagréable. Je me pose des questions et je n’arrive pas à comprendre comment je pouvais être si insouciante pendant ces avortements.

[…] Je ne pensais pas au fœtus. J’étais très déterminée. Mais j’en ai un souvenir odieux, surtout le deuxième. C’était l’horreur absolue.

Il y a quelque chose dans cette affaire-là, c’est mystérieux… On ne peut pas l’expliquer. J’essaie de ne pas y penser aujourd’hui parce que ça me rend triste, vraiment triste. […] Aujourd’hui ça me revient et ça m’est très déplaisant, vous savez. Vraiment, très fortement. C’est incroyable. Parce que j’imagine ces deux enfants-là. »


« Oh ce n’est pas une fête

C’est plutôt une défaite
Mais c’est la mienne et j’estime
Qu’il y a bien deux victimes
(…)
Ils en ont bien de la chance
Ceux qui croient que ça se pense
Ca se hurle ça se souffre
C’est la mort et c’est le gouffre
C’est la solitude blanche
C’est la chute l’avalanche
C’est le désert qui s’égrène
Larme à larme peine à peine . »


« Cela remonte en 1996, c’est loin, il est vrai, mais pourtant, depuis, j’ai toujours au fond de moi une blessure qui ne se referme pas. Je suis tombée enceinte à un moment où mon mari et moi avions de grosses difficultés familiales (notre petit deuxième avait eu un grave accident) et financières. La mort dans l’âme, j’ai avorté, pensant que c’était la solution la moins mauvaise.

Mais depuis, je repense sans cesse à cette intervention et j’imagine le visage de cet enfant, ses jeux avec ses frères et sœurs, nos moments de tendresse… Je me sens coupable et très seule dans ma peine, que mon mari ne comprend pas. Aussi, c’est un réel besoin que j’ai d’être mise en contact avec des femmes qui ont vécu la même expérience douloureuse. »


« Je viens d’achever la lecture de votre article sur les 25 ans de la loi Veil. J’ai moi-même avorté il y a un peu plus d’un an, à 24 ans. J’en garde un souvenir extrêmement pénible, tenace, pesant, insolent : ai-je eu tort, n’avais-je réellement pas d’autre solution ? La réponse est encore pour moi incertaine, mais il me paraît réducteur de ne publier que des témoignages qui font l’impasse sur les remords, le tourbillon de questions et cette douleur lancinante qui vous habite, après. Moi, j’ai mal encore, et je considère que cette douleur doit être entendue. »


« (…) la jeune fille, née en Seine Saint Denis de parents originaires de la République centrafricaine, n’a pas oublié la réaction de sa mère quand elle lui a annoncé qu’elle était amoureuse (…) : « Qu’est-ce que tu peux connaître à l’amour à quinze ans ? Tu ferais mieux de penser à ton avenir. » Ignorant l’injonction maternelle, (…) Mathilde, fidèle à son premier amour, finit par tomber enceinte (…). Elle n’a que 17 ans, et après quatre semaines de réflexion, opte pour l’Interruption Volontaire de Grossesse (…). De cette expérience, elle garde un souvenir très douloureux : « Ca m’a fait mal. Le plus dur, c’est au niveau psychologique. Le fait de savoir que vous avez cet être en vous, vous avez le temps de vous attacher à lui… » (…) Désormais, elle prend la pilule. Mais personne n’est à l’abri d’un oubli (…). Elle est à nouveau enceinte, sept mois à peine après son IVG. A demi-mots, elle reconnaît toutefois que cet oubli ne suffit pas à expliquer ce nouvel « accident » : « J’avais un désir de maternité. Si je suis tombée enceinte à nouveau, je crois que c’est parce qu’inconsciemment je n’acceptais pas mon IVG. » Cette fois, elle décide de garder l’enfant.(…) Au chômage, son ami n’est peut-être pas tout à fait prêt, mais il « n’est pas contre l’idée d’avoir un bébé. » Le petit vient au monde le 28 décembre 1997. (…) La jeune maman et son enfant vivent avec « 3698frs » d’allocation parent isolé (API) mensuelle, mais elle ne se plaint pas : « Je gère », dit-elle pudiquement. Avant d’annoncer tout sourire que depuis lundi, elle travaille dans une entreprise de télémarketing. Et pendant qu’elle travaille, c’est le jeune papa qui garde le petit. »


« Moi, j’ai encore les boules parce que ce je sais que ce que je ressens et ce que j’ai, la souffrance, je l’aurai toujours quoi, c’est ça qui me fout les boules. (…)

Bien sûr, c’est clair que je peux pas dire que ça aurait été trop facile de garder mon gamin, de faire ma vie de lycéenne en même temps, mais d’un autre côté, j’aurais eu de l’amour que maintenant j’ai pas quoi.

Maintenant, je me sens seule quoi, c’est peut-être dégueulasse de dire ça pour mes parents, et pour ma meilleure copine et tout, et puis pour d’autres potes que j’ai, mais il y a quelque chose qu’ils ne peuvent pas comprendre parce qu’ils n’ont pas souffert ce que j’ai souffert et moi je me sens seule, oui.

[Au lycée, les autres] pensent que moi par rapport à un camé ou je sais pas quoi, moi j’ai rien vécu. Ils pensent que j’ai pas vraiment à me plaindre parce que ce que j’ai vécu, c’est rien. Pour eux, l’avortement c’est pas quelque chose de grave, donc ils voient pas pourquoi j’en fais un plat et pourquoi j’irais me plaindre ; parce que, eux, ils savent pas ce que c’est.(…). Deux mois après [mon IVG], (…) j’ai dit : « merde, je me pose plein de questions, ça va pas du tout, qu’est-ce qui se passe, pourquoi ça me fait ça, vous m’aviez pas dit que ça me ferait ça ? »






























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